Après une saison 1 quasiment parfaite, The Good Wife avait la lourde tache de continuer sur sa lancée sans jamais faiblir. Si on peut dire qu’elle a passé l’épreuve haut la main, cette deuxième fournée demeure légèrement inférieure à sa grande sœur.
Poursuivre sur sa lancée
Il faut reconnaître à la série une très bonne maîtrise de ses arcs et de ses personnages. S’il y a bien une chose que l’on ressent au visionnage de cette seconde saison, c’est combien les intrigues sont préparées à l'avance.
Prenons par exemple l’intrigue la plus étrange, à savoir la rivalité entre Blake et Kalinda. Au début de la saison, on a du mal à comprendre ce qui se passe. Blake l’appelle Leela sans pour autant en dire plus. Kalinda détruit sa voiture à la vue de tous alors qu’on l’a connue plus subtile. La rivalité grandit au point où Blake se sert de la batte de baseball de la demoiselle pour tabasser un psychiatre gênant dans un procès.
Blake arrive avec le nouvel associé de la firme : Dereck Bond. Pourtant, les scènes qu’ils partagent sont infimes. Et il faut parfois bien s’accrocher pour comprendre quelles sont leurs intentions. Quand Bond représente l’antagoniste de Will et Diane, Blake est l’opposant ultime de Kalinda. Alors que personne ne parvient à la cerner, ni ses amantes (Donna) ni ses amis (Cary), Blake enquête sur elle et finit par mettre à jour son secret le plus caché.
Là où la série fait très fort, c’est que ces manipulations, ces coups bas, ces jeux de pouvoirs reviennent au final à Alicia. Ainsi, Michelle et Robert King ne trahissent-ils jamais leur postulat de départ : une femme ordinaire placée malgré elle dans la tourmente. Si Alicia est spectatrice de la guerre froide qui se joue au sein de la firme (elle apprend à la dernière minute l’affrontement qui s’apprête à avoir lieu quand Will et Diane décide de renvoyer Bond), elle en est l’un des plus forts dommage collatéral quand Blake révèle au bureau du procureur que Kalinda a couché avec Peter Florick.
C’est au moment de cette révélation que tout prend sens. Toute cette intrigue était motivée par Alicia. Kalinda n’a pas grand-chose à cacher de son passé, même si les scénaristes sont restés trop vagues à mon goût. D’ailleurs, certaines répliques de Blake semblent là juste pour faire joli. Il révèle à une Kalinda hébétée qu’il a contacté son mari (personnage qu’on ne découvre à aucun moment, ne serait-ce que par une évocation de Kalinda), il rappelle à Will le vol qu’il a commis à son ancien cabinet à Baltimore (vol dont on n’entend plus parler par la suite), et il révèle au détour d’un échange qu’il a découvert que Leela était morte dans un incendie il y a des années. Du coup, il est difficile de savoir si les scénaristes savent vraiment ce qu’ils font ou s’ils improvisent quelque peu le passé de leur personnage. Leur psychologie est maîtrisée au bout des doigts, mais leur passé reste trouble.
Enrichir de façon inattendu
Si Kalinda occupe une grande part de la série avec Alicia, dont la vie reste tout de même le sujet principal du show, certains personnages sont quelque peu délaissés. On voit beaucoup moins Zach cette année, mais cela est peut-être lié aux études de l’acteur (âgé de 18 ans cette année, peut-être doit-il préparer le bac je ne sais pas moi).
Grace en revanche, est davantage développée par rapport à l’an dernier. Elle découvre la religion et suit parfois aveuglement les propos d’autrui. Grace est un personnage que les scénaristes tournent souvent en dérision. Sa foi comme son engagement politique sont autant de regards sarcastiques que portent les auteurs sur la jeunesse, qui recrache parfois ce qu’elle a entendu sans trop de recul. Toutefois, il arrive à Grace d’avoir ses moments de bon sens, notamment lorsqu’elle met Eli Gold face à la dérive d’extrême droite qu’adopte la campagne. Au lieu de foncer tête baissée dans un sujet qu’elle maîtrise mal comme elle le fait avec la religion, elle rappelle simplement que la copine de son frère est noire et qu’elle-même dialogue sur internet avec un jeune métis. En quelques mots, elle lui fait bien comprendre ce qu’elle pense de l’orientation politique de la campagne. On pouvait alors discerner une part d’Alicia en elle, et on se demandait quand est-ce qu’elle ferait enfin surface.
Peter Florrick n'est pas toujours apparu de manière très pertinente. Son absence a handicapé certains passages de la campagne (notamment toute la partie "extrême droite") où seul Eli Gold menait la barre sans jamais en passer par le candidat. On avait parfois l'impression que Peter n'était qu'un pion politique qui se laissait porter sans jamais donner son point de vue, ce qui est loin de la vérité. J'espère que Chris Noth sera n régulier l'an prochain et non plus une spéciale guest star mais j'ai des doutes : avec sa séparation d'Alicia, les scénaristes auront encore moins besoin de lui qu'avant et Eli pourra continuer de mener sa campagne au sein de Lockhart Gardner sans avoir besoin de montrer Peter le procureur.
Certains personnages sont effleurés cette saison et leur vie personnelle demeure très floue. Bien qu'on suive la tentative de fuite de Dianne au moment où elle se sent acculée, seul un épisode nous dévoile un peu de sa vie et de sa relation avec le cowboy républicain. J'étais un peu triste que les scénaristes ne creusent pas cette relation qu'ils avaient laissés sur une bonne note en fin de saison dernière. De même, Cary sert principalement d'antagoniste à la firme et d'adjuvant à Kalinda. Le petit baiser qu'ils échangent en bas de son immeuble était bien trop faible à mon goût. Je ne désire pas absolument les voir en couple, mais j'aimerais qu'on en sache un peu plus sur Cary, sur sa famille, ses amis ou sur lui en particulier.
Je ne sais pas s'il est nécessaire que je m'étale sur le développement apporté à Alicia cette année : j'ai tout adoré. De sa romance avec Will, à ses discussion avec son frère, en passant par son amitié avec Kalinda et son mariage. Tout. Tout. J'ai tout aimé.
Une fois encore, les scénaristes ont fait se répondre la première et la dernière scène de la saison. L'an dernier, l'histoire s'ouvrait et se fermait par une conférence de presse dans laquelle Alicia jouait un rôle clé. La seconde saison démarrait par une Alicia en proie au doute mais qui détient, l'espace d'un instant, le pouvoir absolu sur sa vie. Elle avait entre ses mains un téléphone vibrant d'un appel amoureux et en face d'elle un mari qui réclamait son soutien. Le choix lui a été enlevé par Eli Gold (personnage génial, est-il besoin de le dire?) qui a retiré le portable de sa main et effacé un message gênant. Ce pouvoir, Alicia le retrouve dans la dernière scène de la saison. Alors qu'elle était encore prise de doute dans l'ascenseur, la tendresse de Will fait disparaitres ses appréhension. Toutefois, les King nous le disent clairement : il ne s'agit plus d'une Alicia portée par les désirs d'un homme qu'elle se contente de suivre. Cette décision est la sienne, et on le voit avec ce passage où elle s'empare de la clé de la suite présidentielle pour l'ouvrir avec calme et assurance. Son visage est celui d'une femme sûre de ce qu'elle veut, d'une femme libérée qui décide à son tour de ne penser qu'à elle, pour une fois. Et peu importent les conséquences.
Même si j'ai quelques idées, je ne préfère pas faire des prévisions pour la troisième saison. Nul doute que la série me prendra à contre-pied et comblera toutes mes attentes en me surprenant par son approche inattendu d'une situation.