samedi 14 avril 2018

HOW TO GET AWAY WITH MURDER





Créée en 2014 par Peter Nowalk, How To Get Away With Murder a achevé sa quatrième saison le 15 mars dernier sur le network ABC. Portée par Viola Davis, la série est diffusée au sein d’un triptyque baptisé TGIT (Thank God It’s Thursday) et précédée des plus anciennes Grey’s Anatomy et Scandal. Ces trois séries sont produites par Shonda Rhimes. Dans chacune d’elles se trouve la figure de la femme afro-américaine hissée à un rang supérieur de la société qui va durement traiter ses apprentis (médecins, avocats…) à la fois pour les former mais aussi pour affermir sa position d’autorité et l’emprise qu’elle a sur eux.


TÊTE D’AFFICHE


Le rôle d’Annalise Keating, femme de 50 ans meurtrie par la vie, méritait bien le talent de Viola Davis pour le camper dans toutes ces nuances. C’est à la fois une victime et un bourreau. Victime parce que son oncle a abusé d’elle dans son enfance, parce que son associé est responsable de la mort de son bébé, parce que son mari a commandité le meurtre d’une jeune femme qu’il avait mise enceinte… Et bourreau parce qu’elle manipule tous ceux qui l’entourent (clients, avocats adverses, juges, étudiants) afin de gagner ses affaires. Au fil des épisodes, elle brise des carrières, fait acquitter des meurtriers et transgresse systématiquement les codes de déontologie de sa profession. Annalise n’est pas quelqu’un de bien et elle ne prétend pas l’être.

A mon sens, si la série n’avait pas eu Viola Davis comme actrice principale, elle aurait vite pu virer à la caricature, comme c’est peut-être le cas dans le pilote. Le début de la série est difficile, surtout en ce qui concerne Annalise. Affublée d’une évidente perruque, de faux cils longs comme le bras et d’une veste en cuire rouge juste au corps, Davis déploie toute son énergie à avoir l’air à l’aise avant de poser son véto. C’est une femme de cinquante ans avec des formes, elle ne veut pas les cacher. Et quand, à l’épisode 4, le personnage d’Annalise se prépare à se coucher, c’est encore Davis qui refuse de se mettre au lit avec sa perruque, ses faux-cils et tartinée de maquillage. Au contraire, elle propose d’enlever tous les artifices… et offre à sa série son premier morceau de bravoure. La symbolique est d’une force folle. 

Pendant plus d’une minute (une éternité sur un network), Annalise se sépare de tous les accessoires qui la rendent un peu moins noire : sa perruque aux cheveux caucasiens, ses faux-cils, ses bijoux clinquants… Elle s’empare d’une lingette et efface avec lassitude les couches de fond de teint, rouge à lèvres, mascara qui recouvrent son visage. La charge est double. Voici ce que les femmes et d’autant plus les femmes noires s’imposent tous les jours pour être crédibles, respectées, considérées, jolies… Voilà tout ce qu’elles doivent endurer. La scène est d’autant plus forte qu’Annalise s’apprête à confronter son mari après avoir retrouvé une photo de son pénis sur le téléphone portable d’une jeune fille étranglée. Car on perçoit le sous-texte : tout cet attirail qu’elle doit poser et retirer chaque jour, il est silencieusement réclamé par la société patriarcale, donc par l’homme, et même l’homme blanc. Quand elle révèle la preuve de son infidélité à son mari, Annalise est au naturel. Son visage est dur, inexpressif. Elle ne fait plus le moindre effort pour satisfaire l’homme blanc, ce traitre qui la méprise.



Sans le courage de Viola Davis (c’est à regret que j’utilise ce mot car il ne devrait pas être courageux d’oser se démaquiller face à une caméra quand on est une femme mais l’actrice a elle-même avoué qu’elle était à deux doigts de faire machine arrière lors du tournage), cette scène et cette série n’aurait jamais eu la puissance symbolique que lui confère ce moment. Ce sera le premier d’une longue série.


NARRATION ÉCLATÉE


How To Get Away With Murder repose sur un procédé narratif bien connu : le flashforward. On peut y voir en première saison une accroche bien facile. Commencer le récit in medias res en multipliant les répliques mystérieuses pour mieux assener son spectateur d’un « trois mois plus tôt » peut en pousser plus d’un à zapper immédiatement en roulant des yeux. 

Mais comme pour le reste, la série embrasse à bras ouverts ce qu’on pourrait prendre pour un défaut et en fait une force. Ainsi, chaque saison est découpée de la même manière : la première moitié diffusée à l’automne annonce un événement apocalyptique (« mort d’un des personnages principaux, mais lequel ? » « on a tiré sur Annalise, mais qui donc ? ») à travers des flashforward. Plus on avance dans la saison, plus ces petits spoilers situés en fin d’épisode se rapprochent (deux mois plus tard, un mois plus tard, deux semaines plus tard…), faisant monter tout doucement la pression.

Cette première moitié se conclut dans ce que la chaîne appelle le Winter Finale, épisode où l’on découvre dans l’ordre et dans leur intégralité les flashforward qu’on avait entr’aperçu jusque-là. C’est souvent l’épisode où les scénaristes déploient toute l’étendue de leur talent, parvenant à habilement manipuler leur spectateur (impossible de deviner qui est mort dans l’incendie de la maison en saison 3, tant tous les indices nous poussent à croire qu’il s’agit de quelqu’un d’autre) ou à leur faire endurer l’angoisse que traverse leurs personnages. A titre d’exemple, dans le Winter Finale de novembre dernier, Annalise, qui a fait une fausse couche à 8 mois de grossesse et perdu l’étudiant qu’elle considérait comme son propre fils, se retrouve à faire un massage cardiaque à deux doigts sur le nourrisson né prématurément, fils de l’étudiant mort plusieurs mois plus tôt. 

Au-delà du caractère évidemment soapesque et parfois de mauvais goût, toujours assumé avec fierté par la série, on est sidéré par la maîtrise des auteurs sur leur narration et sur ce qu’ils savent dévoiler ou non pour ménager leur suspense. Et par ailleurs, la charge émotionnelle qu’ils sont capable de convoquer dans une scène, sans faire appel à des béquilles (aucun flashback ne vient nous rappeler la fausse couche d’Annalise, le spectateur est suffisamment intelligent pour saisir l’horreur de la situation pour elle) ou à des dialogues d’exposition, donne le vertige.

La deuxième moitié de la saison traite des conséquences des événements apocalyptiques du Winter Finale. Elle est généralement composée de nombreux flashback qui viennent soit dévoiler des éléments manquants de ce moment pivot, soit développer des histoires vieilles de dix ans qui entrent en résonance avec ce que traversent actuellement les personnages. Quoiqu’il en soit, le passé, le présent et l’avenir se mélangent toujours dans cette série, menaçant à chaque instant d’entrer en collision.


UNE SÉRIE ENGAGÉE


Au-delà de sa star et de ses procédés narratifs, la série sait être plus profonde qu’il n’y parait. Shonda Rhimes oblige, le casting est multi-ethnique. Le show donne la part belle aux minorités et notamment aux afro-américains (quatre tiennent des rôles principaux, fait encore exceptionnel aujourd’hui sur les networks, à moins que ce ne soit le thème principal comme Empire sur Fox ou récemment Black Lightning sur CW).

Cette diversité fait un bien fou. De même, la série n’hésite pas à traiter de la séropositivité d’un de ses personnages principaux de façon moderne et pédagogique, en ne négligeant pas d’évoquer les comportements à risques (actifs ou passifs doivent se protéger et un rôle n’est pas moins risqué que l’autre) ainsi que les solutions pour vivre sa vie sereinement (traitement pour être non-contaminant pour le séropositif et PrEP pour le séronégatif). Autant de thèmes que des auteurs plus frileux n’auraient peut-être pas su aborder. 

La sexualité des personnages n’est d’ailleurs pas un tabou comme dans Modern Family, diffusée sur la même ABC. On ne compte plus le nombre de scènes de sexe dans cette série. Si un esprit malavisé peut y voir des moments graveleux gratuits, je choisis d’y trouver une source d’information supplémentaire sur les personnages. Bien souvent, la façon dont ils se comportent dans ces scènes fait écho à ce qu’ils dégagent dans le reste de la série et on ne peut que saluer la cohérence de l’ensemble.

Contrairement à d’autres séries qui se contentent de cocher la case « minorité visible » sans jamais prendre en compte cette différence dans l’écriture (en résumé, le rôle pourrait tout aussi bien ne pas avoir cette spécificité et ça ne changerait rien), How To Get Away With Murder revendique ses minorités, notamment afro-américaines et les creuse dans ce sens : Annalise, honteuse de son origine a effacé son véritable prénom, Anna-Mae, et garde ses distances avec sa famille, d’une classe sociale désormais inférieure à la sienne. Quant à ses élèves , Wes, dont la mère immigrée était femme de ménage, et Michaela, jeune arriviste adoptée par une famille de  prolétaires blancs qui rêve d’être la prochaine Michelle Obama, leurs fêlures, leurs ambitions et ce qui les rend uniques est toujours intrinsèquement lié à leur origine ethnique.

Ce discours sur les minorités a connu son point d’orgue cette année dans ce qui aurait pu être le season finale de cette saison 4, tant les enjeux, le message, l’écriture et le jeu étaient d’une grande maîtrise. Lors d’une soirée exceptionnelle, Scandal et How To Get Away With Murder ont réalisé un crossover. Procédé courant entre une série mère et son spin-off (Buffy avec Angel par exemple), il est plus rare entre deux séries qui ne semblent pas se dérouler dans le même univers. En général, il s’agit essentiellement de s’amuser à faire échanger deux têtes d’affiche et confronter leurs méthodes et leurs visions autour d’une histoire prétexte. 



Mais les deux séries ont compris le poids qui reposait sur leurs épaules. Elles sont les deux premières séries à avoir une femme afro-américaine pour premier rôle. Et Shonda Rhimes est la seule femme dans toute l’industrie à avoir des séries ayant dépassé la barre des cent épisodes. 
Loin de reculer devant la pression, How To Get Away With Murder prépare méticuleusement son intrigue. Après avoir passé plusieurs semaines en prison, Annalise prend conscience de l’effroyable inégalité qui règne au sein de la justice américaine. Elle monte, épisode après un épisode, un recours collectif ( un « class action » en V.O.) pour pointer du doigt l’inefficacité des commis d’office et plus largement dénoncer l’idée que quand on est noir et pauvre, on va en prison et quand on est riche, on est… blanchi. Aussi, lorsque son affaire est classée sans suite, Annalise n’a d’autre choix que de trouver quelqu’un avec suffisamment d’influence et de connexions pour la faire passer devant la court suprême. L’héroïne de Scandal entre en scène lors d’un cliffhanger, dans une magnifique déclaration d’amour de la série à ses spectateurs et une incroyable conscience d’elle-même et des enjeux qu’elle est sur le point de soulever.
Ça ne rate pas. Là où l’épisode de Scandal est un jeu politique légèrement caricatural dont l’enjeu pour Olivia Pope, l’héroïne du show, est de se racheter une éthique après avoir passé la saison à assassiner des innocents, How To Get Away With Murder s’empare de son sujet à bras le corps.

La série a toujours été politique, en filigrane. Mais ici, avec cet épisode, elle pose des mots sur ce qu’elle pointait du doigt jusque-là. Elle offre un monologue de plus de deux minutes à Viola Davis où devant la court suprême, Annalise dénonce l’échec du système judiciaire, l’inégalité flagrante entre riches et pauvres, le manque de budget honteux des avocats commis d’office et les conditions désastreuses de détention de ceux jugés coupables sans réelle défense. Les Etats-Unis d’Amérique, le pays des libertés, relèguent leurs citoyens à la plus basse condition d’existence et détournent les yeux alors que la marmite suinte et craque de partout. C’est le dernier morceau de bravoure de la série en date. Un moment exceptionnel pour une simple et bonne raison : tout ce qui est dénoncé est vrai.

C’est le #BlackLivesMatter qui hurle sa rage, le #MeToo (l’original, celui de Tarana Burke et des femmes afro-américaines opprimées créé en 2006) qui verse ses larmes, celles qu’Annalise ne peut retenir avant son passage devant la court suprême, prise d’une crise d’angoisse que seul un verre de vodka pourrait peut-être calmer. Mais au lieu de vodka, c’est Olivia Pope qu’elle trouve. L’héroïne de Scandal comprend. Elle est une femme. Elle est noire. Elle sait qu’au fond d’Annalise, il y a la petite fille à qui on a toujours dit qu’elle ne réussirait rien de bien, à qui on a toujours dit qu’elle ne quitterait pas Memphis dans le Tennessee. La petite fille abusée par son oncle. Olivia fait taire les voix de tout ceux qu’Annalise représente. L’important, c’est elle. Elle mène cette affaire pour elle. Pour se racheter de tout ce qu’elle a fait. Pour être quelqu’un d’autre que cette ivrogne qui parait-il a tué son mari. La force qu’elle croit trouver dans une bouteille de vodka est déjà en elle. Le moment est d’une intensité rare. 

A mon sens, les relations que je noue avec les séries est similaire aux relations que je tisse avec mes proches. Certaines sont mes amies, elles me réconfortent, me font passer un bon moment. D’autres sont des connaissances lointaines, je les suis de loin, d’une oreille distraite. Et puis, il y a les séries comme How To Get Away With Murder. Une séries dont les défauts sont à mes yeux des qualités, qui me parle comme aucune autre ne sait me parler et qui me donne l’impression d’être un des rares à la comprendre vraiment. Je crois que parfois, on peut dire qu’on est amoureux d’une série. 


How To Get Away With Murder n’a pas la saveur sucrée de Grey’s Anatomy ni la vision binaire et croustillante de la politique de Scandal. C’est une série plus dure, écorchée vive, tragique. Elle n’est pas élégante, ne s’en excuse pas et, au contraire, assume pleinement son identité, écartant les autres sur son passage, avec la même violence que son personnage principal, pour faire passer son message : la femme noire s’est assez tue, maintenant vous allez l’écouter. Et moi, petit homme blanc gay issu d’un milieu défavorisé, je suis tellement fier d’elle. 

samedi 18 février 2017

DES SERIES ET DU TEMPS QUI PASSE

La semaine dernière, j’ai eu 27 ans. Le temps passe, lentement mais sûrement. Ce n’est pas grave. Au contraire. Je suis plus heureux aujourd’hui que je l’étais à 21 ans. Je me sens moins bête. Plus impliqué dans le monde qui m’entoure. Je suis plus épanoui. Je réalise mes projets, j’ai une vie à côté de mon travail et je continue à regarder autant de séries. 

On dira ce qu’on veut des séries, mais elles auront toujours un avantage incroyable sur les films. C’est le temps. 
Le temps change tout. 



Lundi prochain, je vais retrouver Diane Lockhart dans sa propre série, The Good Fight. Et si je suis si enthousiaste, ce n’est pas juste parce que les guest que j’adore de The Good Wife seront de la partie, pas seulement parce que Robert et Michelle sont aux commandes, c’est parce qu’il y a bien Diane. 

Là où 24 Legacy ne profite pas une seconde de l’avantage d’avoir son histoire se dérouler dans un univers vieux de plus de 15 ans, The Good Fight va me faire retrouver une vieille amie.

Une femme que j’ai rencontré quand j’avais 19 ans. Qui m’a charmé par son rire, son humour fin. Une femme avec qui j’ai pleuré quand elle a perdu son poste de juge, ou qu’elle a découvert le cadavre de son associé sous un drap d’hôpital. Diane, elle a couru à travers le tribunal pour empêcher Cary de finir en prison. Diane, elle connaît des mots allemands compliqués. Diane, elle milite contre les armes à feu. Diane, elle a giflé Alicia et elle a eu 1000 fois raison. 
Le temps qui passe, les souvenirs, tout ça joue dans les séries qui commencent à vieillir.

C’est encore plus fort dans les feuilletons quotidiens. Entre 2008 et 2014, je n’ai pas loupé un épisode de Plus Belle La Vie. Depuis 3 ans, c’est par intermittence. Parfois, je l’abandonne pendant plusieurs mois, lassé des crises ou peu intéressé par une intrigue. Ça prend quand même 2h par semaine.

Aujourd’hui, on arrive à la fin de l’intrigue ayant poussé Abdel Fedala à embrasser pour de bon son rôle de Parrain du crime. J’avais raté le moment où il avait commis ses premiers meurtres. J’ai cru comprendre que ceux-là étaient indispensables, étaient une question de survie. Cette fois, il y a la vengeance. Parce que des petits caïds l’ont séquestré et tué sa mère sous ses yeux, Abdel décide de tous les faire sauter dans un convoi qui les emmenait en prison, les flics à bord avec. En un instant, Abdel devient responsable de la mort de 18 personnes.



Toute cette intrigue était magistrale. Tous les acteurs font du super boulot, y compris les nouveaux qui jouent Doumé et Alison, couple d’écorchés vifs fous amoureux et prêts à toutes les extrémités : une mention spéciale pour cette scène ahurissante où Alison braque Karim Fedala depuis la cuisine du Mistral, sans que personne ne la voit, prête à tirer, pendant quelques secondes alors que Karim est en larmes. 



Ce que Plus Belle La Vie arrive à montrer, grâce au temps qui passe, c’est combien une vie peut basculer en un instant. Alors bien sûr, les personnages s’en sortent souvent. Bien sûr, il y a les réguliers qui ont tous plus ou moins trempés dans un meurtre à un moment et qui n’y pensent plus. 

Mais, il y a aussi ces personnages qui plongent, lentement, dans la folie. Petit à petit, semaines après semaines, années après années. Sous nos yeux, le gamin gentil, affectueux, bon élève, qui rêvait de devenir avocat et d’aider les autres s’est transformé.

De par ce temps qui passe, Plus Belle La Vie parvient à une justesse terrible : car il y a encore des restes de ce garçon en Abdel. On les retrouve dès qu’il partage une scène avec Barbara, son amoureuse d’antan. On voit bien que ce monstre, ce tueur de masse, est bien le même garçon qu’on a connu il y a longtemps.

Comment en est-on arrivé là ? Y a-t-il une rédemption possible ? Et par quel biais ? La prison ? Comme Margot, lycéenne qu’on a suivi plusieurs années avant qu’elle n’assassine sa meilleure amie, qu’on connaissait aussi depuis autant de temps ? 


Le plus terrible avec ces années qui passent, c’est qu’on ne peut plus voir ces personnages devenus des assassins avec la même équité que n’importe qui. Parce qu’on les connait, putain. Parce qu’on les aime depuis trop longtemps. 


mercredi 13 janvier 2016

Mon Maître d'École, d'Émilie Thérond


Je ne vais pas essayer de vous faire une critique objective de ce long métrage sorti aujourd'hui en salle.
Je connais ce projet depuis quatre ans déjà et j'ai aidé à encoder et synchroniser des rushes à l'époque où Emilie ne savait vraiment pas ce que ce film allait donner.

Je peux déjà témoigner de la passion et de l'investissement qu'elle mettait dans ce projet et vous assurer que cela transpire dans toutes les séquences du documentaire.

J'ai eu la chance de découvrir ce petit bijou en avant-première dans une salle bienveillante remplie des proches d'Emilie.
En toute subjectivité, ce film est une merveille. Il vous prend tendrement par la main et vous emmène au paradis.

Je suis très content d'être un adulte indépendant financièrement et je ne regrette pas du tout l'époque des cours et ces interminables journées peuplées de calculs, de géographie et de physique/chimie.

Mais devant ce film et pour la première fois dans ma vie d'adulte, j'ai été nostalgique de l'enfance, nostalgique de la cour de récréation, des copains, de ces disputes qui ont l'air d'être la fin du monde, de ces excursions avec la classe qui vous donnent un sentiment exceptionnel de liberté…

Vous vous dites peut-être : "j'ai l'impression d'avoir déjà vu le film". C'est normal. Nous sommes tous allés à l'école et nous savons à quoi cela ressemble. De plus, vous avez sans doute déjà vu un très beau documentaire qui filmait l'école rurale avec beaucoup de poésie.

Mais croyez-moi, Mon Maître d'Ecole a ces petites singularités qui le rendent unique. 
La première, la plus évidente, c'est M. Burel. Un homme drôle, attachant, à qui la salle a rendu hommage lors de son apparition surprise en fin de projection.
Emilie était déjà présente devant les spectateurs et a invité son ancien maître à la rejoindre. Et alors, comme un souvenir oublié, une règle à laquelle on ne pensait plus depuis longtemps, nous nous sommes tous levés pour l'applaudir. Car c'est un Maître d'Ecole. Et on se lève quand un Maître entre dans la salle.

L'autre singularité qui m'a marqué, c'est le contraste entre Emilie et les enfants qu'elle filme. C'est de voir l'influence que cet homme a eu sur elle, en semant les graines de citoyenneté, de tolérance et de bienveillance qu'il transmet ici à l'écran. La présence d'Emilie dans le film permet de mesurer l'importance du travail de M. Burel, et laisse imaginer les hommes et les femmes que deviendront les petits bouts de chou que l'on suit pendant 1h20.

Vous ne regretterez pas les larmes que le film vous fera verser. Courrez-y.

mardi 16 juin 2015

Game Of Thrones - Season Finale - Saison 5

Un peu décevant tout ça.

Je commence par la fin. La mort de Jon Snow est quand même bien ratée. Comment tuer l’un de ses piliers de la façon la plus foireuse possible. C’est d’autant plus dommage que sa mort ne m’aurait vraiment posé aucun problème, deux épisodes plus tôt, face aux marcheurs blancs. Mais ça, cette trahison ridicule, c’est probablement le moyen le plus bête de tuer un de ses personnages principaux. Rien à voir avec le Red Wedding où les personnages voyaient leurs rêves (descendance, alliance, survie) brisés les uns après les autres. Ici, Jon accepte son sort sans presque broncher. C'est une mort toute molle. Toute nulle.

L'an prochain : vous êtes privés de beau gosse !


L’autre scène un peu insupportable, c’est la marche de la honte de Cersei. Mon Dieu, j’ai cru que cette scène ne finirait jamais. Et oui, on a compris qu’elle allait craquer et se mettre à pleurer. Et oui, on a bien vu que Lena Headey était pudique et que c’est une doublure avec sa tête dessus. C’était d’ailleurs au moins aussi bien fait que l’incruste dégueulasse de Sansa à travers une fenêtre. 

Ah bon ? Elle est naze mon incruste ? Moi j'y ai cru.
Perdre autant de minutes pour une scène qui avait fait passer son message en trente secondes, c’était vraiment pénible. Sans parler du fait que, ô joie, encore de la violence contre les femmes exacerbée, filmée avec tellement de complaisance qu'on croirait déceler du plaisir dans la réalisation. C’était vraiment chiant. Surtout qu’on n’a eu aucune nouvelle de Margaery, un des rares personnages qui m'intéresse encore beaucoup.


Et puis ça c'était pas un peu débile aussi ?


La conclusion de l’intrigue de Tyrion m’a aussi fait mourir de rire. Hé, sans déconner, he’s still going strong mais il sert quand même plus à rien du tout Tyrion cette année. Il aurait limite mieux fait de se suicider après le meurtre de son père. Parce que là, je crois que si la mort du personnage arrive un jour, ce sera comme Jon Snow, un peu trop tard pour que ça me fasse quelque chose.

Et à propos d’intrigues relous, Arya décide que quand même, après trois saison sans rien faire, elle va quand même avoir un impact sur la vie de quelqu’un. Elle assassine donc le gars qui avait tué son maître d’escrime. D’une façon très brutale, très gore et ma foi plutôt cool. Alors après, malheureusement, il y a ces scènes débiles avec les masques de Mission Impossible et Arya qui perd la vue. C’est un développement qui me fait très peur. Parce que pire qu’une saison d’Arya qui lave les morts en se demandant quand elle commencera sa formation, c’est une saison d’Arya qui lave les morts en se demandant quand elle retrouvera la vue.


Dans quelle direction dois-je aller ? Nan, sérieux ?
Quant à Danaerys, j’ai espéré, pendant une demi-seconde, qu’elle ait traversé la mer et qu’elle ait atterri à Westeros avec la ferme intention de tout faire brûler l’an prochain mais non, elle est vraiment retournée au Nord du même continent et elle retrouve ses vieux potes les Dothrakis. Franchement, Daenerys mériterait un épisode entièrement centré sur elle par an et basta. Ce serait toujours un plaisir de la retrouver et de prendre de ses nouvelles. Mais là, ça va faire maintenant cinq saisons qu'elle fait sa petite vie dans son coin sans jamais avoir un grand impact sur le reste de la série.


A Song of Horses and Fire


Enfin, les deux intrigues qui m’ont le plus satisfait :

La fin de Stannis. J’ai trouvé ça complètement génial que le Lord of Light le laisse tomber et ne lui donne aucune réponse suite à la mort de Shireen. Je regrette juste que Melissandre ait survécu à cet épisode. En même temps, il paraît qu’elle et Arya sont censées se revoir donc bon, je peux toujours attendre. (Cause she's blind, get it ?) La mort de Stannis m’a semblé un peu précipitée aussi. Et cette pauvre Brienne s’est retrouvée coincée dans une intrigue bien débile dès le deuxième épisode. La pauvre a attendu toute la saison qu’une bougie s’allume avant de se barrer juste au moment où ça brillait. De là à dire que les scénaristes ont gentiment craché à la figure du personnage, il n’y a pas loin. De même, il n’y a pas de conclusion pour Brienne cette année. On ne sait pas ce que la mort de Stannis lui a apporté ni ce qu’elle compte faire à présent. Enfin, j’étais quand même content que ce soit elle qui ait le dernier mot sur cette ordure. Elle pourra mourir en paix la saison prochaine, sûrement tuée par Ramsay parce que c’est quand même vachement plus horrible pour les spectateurs non ? Et il faudrait qu’elle soit violée et humiliée aussi. Ouais ce serait cool.


Il suffit.

Et donc pour finir, Sansa Stark décide de mettre les voiles et j’étais ravi pour elle. Elle choisit le moment parfait, ne se laisse pas impressionnée par une archer tarée et, si elle avait pu la jeter elle-même par dessus la balustrade, j’aurais vraiment été comblé. Malheureusement, il a fallu que cette évolution soit laissée à Theon, ce qui conforte malheureusement Sansa dans l’éternel rôle de la demoiselle en détresse.

Force est de constater que les femmes sont très mal utilisées dans cette série. Elles attendent leur moment pour mieux le laisser s’échapper, suivent aveuglement des hommes malhonnêtes, sont d’immondes perverses qui font gigoter leurs nichons pour rigoler et donnent des baisers de la mort avec beaucoup de mascara dans les yeux (quelle merveilleuse intrigue aussi hein, j’ai oublié d’en parler), ou encore sont des reines sans cervelles qui exécutent un homme sur la place publique alors que tout le bon sens du monde vous dit que c’est une mauvaise idée. J’ai donc bien envie de conclure ce petit texte en apostrophant ces sexistes de scénaristes comme les Meereenien ont apostrophé Daenerys : ssssssssssssssss.



mardi 22 avril 2014

SPOILERS GAME OF THRONESQUES Ne lis pas la suite si tu n'es pas à jour malheureux


LE PROBLÈME DE LA SCÈNE DE SEXE INCESTUEUSE




Hier soir, après avoir visionné le troisième épisode de la saison 4 de Game Of Thrones avec des amis, nous sommes partis dans un débat plutôt houleux sur ce qui s'est passé entre Cersei et Jaime.

Alors viol ou pas viol ?

Dans les bouquins, ce n'en est clairement pas un. Mais dans ceux-ci, 
Jaime couche avec Cersei dès son retour, qui a lieu après la mort de Joffrey.

Dans la série, cela fait des semaines qu'il est revenu. Et Cersei se refuse toujours à lui. Du coup, quand ils couchent ensemble, on n'est pas trop sûr de ce qu'on voit.

Le réalisateur de l'épisode dit :
"Well, it becomes consensual by the end, because anything for them ultimately results in a turn-on, especially a power struggle."

Autour de moi, hier soir, tout le monde s'accordait à dire qu'il s'agissait d'un viol. Moi pas. Je me suis retrouvé dans une situation un peu embarrassante à tenir des propos un peu limites pour défendre la vision que j'avais eu de la scène. 

Au final, de ce que j'ai lu de l'interview du réal et de ce que j'en conclus en voyant la scène, c'est que le plus gros problème réside dans un manque de travail et de préparation. Auteurs, réalisateur et acteurs n'ont pas vraiment discutés de cette scène et de ce qui s'y passe. Ils l'ont tournée et puis basta.

Pour ma part, j'avais du mal à croire que la série aurait filmé le viol de Cersei par son frère et ancien amant aussi platement, sans accentuer l'horreur de la situation, comme ils l'avaient fait en saison 2 quand Joffrey forçait Ros à battre une prostitué. De mon point de vue, la scène se contentait de souligner le côté dysfonctionnel de la relation Jaime/Cersei. 
Selon moi, Cersei se refuse à Jaime au départ par respect pour son fils et par convention. Pas parce qu'elle n'en a pas envie.

Je crois honnêtement que c'est ce qu'a voulu montrer la série. Et je crois que c'est quand même un peu nauséabond comme discours. 

C'était déjà scabreux quand Daenerys se faisait violer par Drogo pour mieux tomber amoureuse de lui par la suite. 
Mais c'est très limite dans cette scène qui n'apporte finalement pas grand chose et qui m'a valu une engueulade avec mon amoureux et une ambiance de merde au repas par la suite.

Conclusion, même si je suis toujours content d'avoir compris quelque chose mieux que les autres, j'aimerais quand même ne pas avoir à faire le travail des scénaristes à leur place. La prochaine fois, Game of Thrones, montre-nous clairement ce que tu veux dire. 
Ça m'évitera d'avoir à dire des "Mais non c'est pas un viol, regarde elle en redemande".  Et d'avoir des regards horrifiés posés sur moi.

Je peux m'en passer.

vendredi 21 février 2014

LA MORALE DE L'HISTOIRE (euh y en a pas)



Il y a une chose qui me pose de plus en plus problème aujourd'hui dans les séries. Ce sont les antihéros. 

Alors pour commencer, je déteste l'utilisation abusive de ce mot. Car non, un antihéros n'est pas censé être l'opposé d'un héros. Un antihéros, c'est ça.



C'est quelqu'un comme vous et moi. Une personne normale, projetée dans une situation extrême face à laquelle il réagit comme il peut, mais souvent très mal.

Dans les séries actuelles, je ne sais pas si beaucoup de protagonistes peuvent se définir comme de vrais antihéros. Par contre, ils peuvent se définir comme de vrais saloperies dégueulasses dont la mort rendrait ce monde meilleur. 

You mean my siblings and I ?

Mon problème est double. D'une part, j'ai de plus en plus de mal à suivre les aventures rocambolesques de gens ignobles et prêts à tout pour arriver à leur fin. D'autre part, j'ai l'impression que je suis bien seul dans ma bulle de morale. Ce qui me fait un peu peur pour ces choses un peu importantes comme l'empathie et le désintéressement. 

Des choses toutes simples me direz-vous. Pas forcément capitale pour réussir sa vie. Mais quand même.

Beaucoup de séries produites par la CW, chaîne visant les jeunes, proposent des héros sans foi ni loi. Il y a d'abord The Vampire Diaries qui est parti vrille depuis des années maintenant : aucune éthique, aucun remord pour les dizaines de milliers de mort qu'ils laissent derrière eux et aucune pitié pour leurs adversaires, même quand leur mort est inutile. Le spin-off n'est guère mieux : les originals mangent une jeune femme au petit dej et balancent son corps avec les poubelles. 

Alors oui, me direz-vous, ce sont des vampires. Ils ne peuvent pas avoir les mêmes codes moraux que nous. Soit, mais dans ce cas, n'essayez pas d'en faire des êtres animés d'émotions qui se plaignent en permanence sur leurs affaires de coeur et de trahison. Ce sont des hypocrites. Ils déversent morts et souffrances sur leur passage, mais il faut quand même s'inquiéter de leurs états d'âme ? Où est la morale de l'histoire ? Les autres ne comptent pas ? Juste de la viande ? 

OÙ EST BUFFY PUTAIN ?!


Meilleure fin possible, pour TVD et The Originals:
Buffy débarque et les dégomme TOUS

Il suffit de regarder un épisode de La Tueuse de Vampires pour être frappé par la comparaison. Dans Buffy, il y avait de vrais valeurs, un vrai point de vue moral sur ce qu'on voyait. Personne ne pouvait s'en sortir après avoir tué quelqu'un. Les exactions commises devaient se payer. Buffy n'en était pas pour autant une grosse réac bigote. Elle tolérait les démons mangeurs de chatons, elle protégeait son ami loup-garou de ses propres pulsion et ne punissait pas un vampire pour ses crimes passés puisqu'il ne pouvait désormais plus blesser qui que ce soit.

Le manque totale de nuance entre le bien et le mal s'est répandu dans les séries aujourd'hui et devient réellement asphyxiant.

Les héros de Beauty & The Beast tuent des gens toutes les semaines. No big deal. Oliver Queen de Arrow, quand je regardais la série, n'hésitait pas à décimer ses adversaires. 

Heureusement qu'il reste Teen Wolf.

Yep

Seule série fantastique adressée aux jeunes qui garde un minimum d'éthique dans ce qu'elle raconte. Les personnages principaux de la série sont de vrais héros. Ils sauvent les autres, se mettent en danger pour des inconnus et ne pensent que très rarement qu'à leur petite personne. L'une d'elle a même pour super pouvoir d'alerter tout le monde dès que quelqu'un est en danger, au risque de se bousiller les cordes vocales. C'est dire si sa fonction a un but moral. 

Mais les séries destinées aux jeunes ne sont pas les seules à souffrir de cette absence de point de vue moral. Dexter, House of Cards, 24, American Horror Story, Supernatural, True Blood, Revenge sont autant de séries qui évitent de se poser trop de question sur l'absence de valeurs de leur personnages. 

J'ai l'impression que les sales pourritures qui mériteraient de finir en taule sont devenus la règle et non l'exception. 

Je n'ai rien contre l'idée de suivre des ordures dans une série. Mais dans ce cas, offrez-moi un personnage exemplaire auquel me raccrocher.


La série n'en sera que meilleure.