La semaine dernière, j’ai eu 27 ans. Le temps passe, lentement mais sûrement. Ce n’est pas grave. Au contraire. Je suis plus heureux aujourd’hui que je l’étais à 21 ans. Je me sens moins bête. Plus impliqué dans le monde qui m’entoure. Je suis plus épanoui. Je réalise mes projets, j’ai une vie à côté de mon travail et je continue à regarder autant de séries.
On dira ce qu’on veut des séries, mais elles auront toujours un avantage incroyable sur les films. C’est le temps.
Le temps change tout.
Lundi prochain, je vais retrouver Diane Lockhart dans sa propre série, The Good Fight. Et si je suis si enthousiaste, ce n’est pas juste parce que les guest que j’adore de The Good Wife seront de la partie, pas seulement parce que Robert et Michelle sont aux commandes, c’est parce qu’il y a bien Diane.
Là où 24 Legacy ne profite pas une seconde de l’avantage d’avoir son histoire se dérouler dans un univers vieux de plus de 15 ans, The Good Fight va me faire retrouver une vieille amie.
Une femme que j’ai rencontré quand j’avais 19 ans. Qui m’a charmé par son rire, son humour fin. Une femme avec qui j’ai pleuré quand elle a perdu son poste de juge, ou qu’elle a découvert le cadavre de son associé sous un drap d’hôpital. Diane, elle a couru à travers le tribunal pour empêcher Cary de finir en prison. Diane, elle connaît des mots allemands compliqués. Diane, elle milite contre les armes à feu. Diane, elle a giflé Alicia et elle a eu 1000 fois raison.
Le temps qui passe, les souvenirs, tout ça joue dans les séries qui commencent à vieillir.
C’est encore plus fort dans les feuilletons quotidiens. Entre 2008 et 2014, je n’ai pas loupé un épisode de Plus Belle La Vie. Depuis 3 ans, c’est par intermittence. Parfois, je l’abandonne pendant plusieurs mois, lassé des crises ou peu intéressé par une intrigue. Ça prend quand même 2h par semaine.
Aujourd’hui, on arrive à la fin de l’intrigue ayant poussé Abdel Fedala à embrasser pour de bon son rôle de Parrain du crime. J’avais raté le moment où il avait commis ses premiers meurtres. J’ai cru comprendre que ceux-là étaient indispensables, étaient une question de survie. Cette fois, il y a la vengeance. Parce que des petits caïds l’ont séquestré et tué sa mère sous ses yeux, Abdel décide de tous les faire sauter dans un convoi qui les emmenait en prison, les flics à bord avec. En un instant, Abdel devient responsable de la mort de 18 personnes.
Toute cette intrigue était magistrale. Tous les acteurs font du super boulot, y compris les nouveaux qui jouent Doumé et Alison, couple d’écorchés vifs fous amoureux et prêts à toutes les extrémités : une mention spéciale pour cette scène ahurissante où Alison braque Karim Fedala depuis la cuisine du Mistral, sans que personne ne la voit, prête à tirer, pendant quelques secondes alors que Karim est en larmes.
Ce que Plus Belle La Vie arrive à montrer, grâce au temps qui passe, c’est combien une vie peut basculer en un instant. Alors bien sûr, les personnages s’en sortent souvent. Bien sûr, il y a les réguliers qui ont tous plus ou moins trempés dans un meurtre à un moment et qui n’y pensent plus.
Mais, il y a aussi ces personnages qui plongent, lentement, dans la folie. Petit à petit, semaines après semaines, années après années. Sous nos yeux, le gamin gentil, affectueux, bon élève, qui rêvait de devenir avocat et d’aider les autres s’est transformé.
De par ce temps qui passe, Plus Belle La Vie parvient à une justesse terrible : car il y a encore des restes de ce garçon en Abdel. On les retrouve dès qu’il partage une scène avec Barbara, son amoureuse d’antan. On voit bien que ce monstre, ce tueur de masse, est bien le même garçon qu’on a connu il y a longtemps.
Comment en est-on arrivé là ? Y a-t-il une rédemption possible ? Et par quel biais ? La prison ? Comme Margot, lycéenne qu’on a suivi plusieurs années avant qu’elle n’assassine sa meilleure amie, qu’on connaissait aussi depuis autant de temps ?
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