mercredi 26 juin 2013

Plus juste le feuilleton

J'ai beaucoup d'affection pour Plus Belle La Vie et quand on me demande ce que j'en pense, je ne fais pas dans la demi-mesure. Plus Belle La Vie c'est génial. Et je trouve que c'est encore plus génial cette année.


On déchire en gros


Quand j'ai découvert le feuilleton en 2008, la recette était bien rodée. Chaque intrigue policière durait à peu près deux mois. Elle permettait d'enrichir les origines ou la psychologie de personnages réguliers, d'introduire de nouveaux personnages et d'en faire les victimes du crime pour une partie et les coupables pour l'autre. La formule ne surprenait plus et à la fin de chaque intrigue, les scénaristes effaçaient ce qu'ils venaient de développer. C'est ainsi que Sybille rencontrait  un demi-frère qu'on n'a jamais revu, que Victoire s'engageait dans une lutte contre Carrington Chemicals pour ne plus jamais en parler (à part une fois où elle a râlé parce que Jonas avait pris un mauvais médicament produit par Carrington) ou que Céline rencontrait son frère qu'elle croyait mort pour mieux l'interner dans un asile où elle ne va, vraisemblablement, jamais le voir. 

Quand je pense à mon ex-mari mafieux gay j'ai des envies de meurtres !


Les scénaristes ont depuis tenté de corriger ce défaut. Ainsi, même si les intrigues fil-rouge durent toujours deux mois, leur répercussion peuvent s'étaler sur des mois voir des années. Dans le cas de Johanna et Blanche, la mère et la fille ne sont guère en meilleur terme qu'en début 2011, quand Blanche a couché avec le mari de sa fille. Leur querelle a alimenté une intrigue d'héritage l'année suivante (où Johanna a prouvé qu'elle était devenue une jeune fille arriviste, détestable et sans scrupule) et continue d'avoir des répercussions aujourd'hui, dans l'intrigue de Blanche.

Oui j'ai couché avec ton clown de mari. Mais sérieux, ça reste toi la pourriture !


Mais les deux ne sont pas les seules dans ce cas. Elise Carmin, personnage de peste un poil cliché au début, s'est progressivement dévoilé tout au long de l'année. Et même si son humanité s'affiche de plus en plus, il n'y a pas eu de changement de personnalité brutal. De plus, les mensonges dont elle s'est servi pour régler ses problèmes en Novembre la poursuivent en Mai et lui retombent dessus. 

Aujourd'hui, ma mère a grillé que je lui mentais depuis des mois. 

Du coup je suis punie. VDM




Au-delà de s'attacher à maintenir une continuité dans la psychologie des personnages, les auteurs ont aussi fait ressurgir le passé des protagonistes,  auquel on a assisté parfois plusieurs années auparavant. Fin 2012 a eu lieu le procès de la mère d'Abdel, dont les crimes remontaient à l'année précédente. Les détails de l'affaire prennent toute leur importance alors qu'ils avaient pu être occultés par le spectateur (l'hésitation de Catherine à prévenir la police quand son fils était en danger l'empêche d'être acquittée).  
Boher a vu resurgir dans sa vie son ex, Armelle, qui était enceinte de lui lorsqu'elle l'avait quitté en 2010. La question se pose immédiatement de savoir ce qu'il est advenu de l'enfant. 
Même le deuil de Guillaume, qui a perdu sa femme sous nos yeux en automne 2011 (l'histoire la plus dévastatrice que j'ai vu dans le feuilleton, j'en pleure encore) trouve des résonances dans le présent. 

Je suis vraiment ravi de ces améliorations apportées au récit  qui rendent l'ensemble plus cohérent et plus vrai. La perpétuelle remise en cause des auteurs sur leur travail et le soucis constant d'amélioration du récit font de Plus Belle La Vie un très grand feuilleton populaire qui n'est pas prêt de s'arrêter.

jeudi 30 mai 2013

SEASON FINALE


J'ai l'impression que depuis quelques années, les séries ont perdu le cahier des charges d'un bon season finale. 
The Good Wife, une de mes series préférées, en saison 2 et 3 m'avait offert de bons épisodes pour ses fins de saisons, mais loin d'être des moments transcendants dans la vie des personnages. Cette année, le final a monté la barre d'un cran et a donné plusieurs moments charnières à ses personnages.

You fuck my wife ?
Car pour moi, un season finale a plusieurs devoirs. C'est en visionnant pour la première fois l'épisode où JR se fait tirer dessus que j'ai pu mettre le doigt sur le modèle typique d'un bon dernier épisode de saison.

L'épisode doit être prenant de bout en bout. Pas dans les dix dernières minutes. Pas au tout début et à la fin. Tout le temps. Dès les premières secondes, on doit sentir que cet épisode n'est pas comme les autres, qu'il va se passer des événements irréversibles qui changeront la série. Dans le final de la saison 3 de Dallas, ce n'est finalement pas le cliffhanger légendaire qui m'a le plus marqué. C'est toute sa préparation. C'est cette ambiance oppressante, cette toile que J.R. tisse lui-même autour de lui. C'est la musique glaçante qui ponctue toutes les scènes. Progressivement, tout le monde en vient à vouloir la mort de J.R. : son épouse promet de l'abattre, sa maîtresse jure sa mort, ses amis qu'il a ruiné veulent lui faire la peau, son frère le déteste, sa mère le méprise. Il est de plus en plus isolé et il n'en a rien à foutre. Mais nous, on sent bien que ça va mal finir. On ne peut pas faire autant de mal autour de soi et s'en sortir. Là il va trop loin. On pourrait croire que l'épisode est focalisé sur J.R. mais au contraire, toute cette tension sert aussi à redéfinir les personnages et leur position par rapport à lui. Bobby décide par exemple de quitter Southfork pour toujours (oui, il fera dix kilomètres avant de faire demi-tour dans l'épisode suivant, mais la décision était sincère). 

Les personnages doivent être en danger. C'est impératif dans un season finale. Quel que soit le danger (de vie ou de mort, professionnel, amoureux). S'il n'y a pas de risque pour les personnages et leur vie telle qu'ils l'ont connu, le season finale n'aura pas suffisamment de force. Le pire est surement ce qui se fait dans Game of Thrones. Il n'y a rien de plus désagréable que d'assister à la mise en place de la saison prochaine. Dans cette série, que j'apprécie beaucoup, peu de personnages sont en danger dans les deux season finale qu'on nous a offert. De même dans Bates Motel, qui a tenu un rythme effréné sur dix épisodes, les deux personnages principaux ne sont jamais réellement menacés. Il n'y a pas de moments de tensions comme il y en avait eu au cours de la saison. Et ce n'est pas le misérable cliffhanger de fin qui vient sauver les meubles. 



Vous ressemblez tellement à une future cliente en cavale...

C'est là aussi le risque d'un season finale : il vous fait remettre en question la qualité entière de la saison. Pour rester sur l'exemple de Bates Motel, j'ai vraiment adoré cette première saison. Entre la prestation parfaite de Vera Farmiga et Freddie Highmore, les décors somptueux, l'histoire glauque et le rythme ahurissant, j'ai trouvé une série solide là où je m'attendais à un produit passable. Cependant, le season finale faisait office de transition et concluait avec paresse les intrigues amorcées par les derniers épisodes. Ça ne m'empêchera pas d'être là pour la saison 2 mais, du coup, j'ai l'impression que les scénaristes aurait mieux fait de conclure le premier arc dans le finale, plutôt qu'à l'épisode 6.

L'exemple inverse, cette année, est clairement Revenge. Voilà une série qui a bien ronronné cette année. Seuls ceux chargés de la musique étaient encore au taquet, ponctuant d'un thème déchainé des annonces de fiançailles ou des changements de bureau. La série avait sombré dans le ridicule, certes parfois jouissif, comme la chute hilarante de la fausse Amanda enceinte par dessus une balustrade. Mais tout de même, est-ce qu'on ne perdrait pas un peu notre temps ?
Le season finale a rétrospectivement rehaussé la saison 2 en offrant un double épisode parfaitement maîtrisé. Non seulement, tout s'enchaîne très vite, mais la série s'offre, pour changer, de vrais enjeux : black-out, attentats, risque de morts… 
Elle offre de belles scènes à tous ses protagonistes et les définit un peu plus. Dans une série où pleuvent les dialogues hypocrites et les double-jeu, un peu de vérité fait plaisir à voir. Le personnage d'Ashley, alibi black de la série, sous-utilisée cette année, montre son vrai visage en aidant Jack dans sa vengeance mais aussi, en laissant Conrad aller à la mort, écœurée par l'homme qu'elle sert. De même, quand Victoria incite Jack à l'abattre, la série laisse apparaître la honte du personnage pour ce qu'elle a commis. Une épaisseur qui peinait à transparaître tout au long de l'année. 

Je passe la pire soirée de ma vie ! 
A mon sens, un season finale doit aussi jeter un regard en arrière et faire un bilan de la saison passée. Dans Scandal, qui a offert un très bon season finale, les personnages sont revenus sur Defiance et les actions qui en ont découlés (comme l'assassinat d'une mamie sans défense dans son lit d'hôpital). Il ont fait le point, ont tiré des leçons et ont agi en conséquences. 

Bref, tout ça pour dire que les bons season finale se font tout de même plutôt rare. Il ne suffit pas d'ensevelir son spectateur sous une pluie de rebondissements bordélique comme Vampire Diaries, ni de conclure toutes les intrigues à vitesse grand V sans aucune ambiance à l'image d'American Horror Story. Il faut être généreux avec son spectateur, lui donner le meilleur de soi, et pas des miettes comme le fait si bien Pretty Little Liars (deux minutes trente de poursuite derrière le Manteau Rouge pour voir que c'était une blague d'Hanna, sérieux ?). 
Un season finale est une déclaration d'amour.  Il doit dire : "pardon pour mes erreurs, regarde les efforts que je fais pour que tu ne me laisses pas" ou bien "je sais que notre relation est parfaite, mais regarde, j'en fais encore plus pour toi". 

Alors cette année Game Of Thrones, j'espère que ta déclaration ne ressemblera pas à "à quoi ça sert que je fasse des efforts, de toute façon tu me largueras pas ! "



It is known !

dimanche 24 février 2013

DALLAS LES SAISONS 2





L'expérience télévisuelle que je suis en train de vivre est assez unique. Alors que je découvre en même temps que le reste du monde les nouveaux épisodes de la très bonne saison 2 de Dallas2012, je visionne également pour la première fois de ma vie Dallas1978. 

Le respect de la série actuelle pour l'oeuvre originelle est tel que je me suis senti obligé d'en regarder les premiers épisodes, ne serait-ce que pour comprendre qui est vraiment Cliff Barnes.  C'est d'autant plus fascinant que la série d'aujourd'hui me présente un vieil homme manipulateur prêt à mettre sa fille en danger pour servir sa vengeance, et que la série d'hier me montre un homme bon et charmant, animé par des idéaux nobles. 

Hier, j'ai visionné un épisode déterminant dans la série qui m'a poussé à écrire ces lignes. 
Il s'agit de l'épisode  2.15 For Love Or Money où Sue Ellen décide de quitter J.R., humiliée pour la énième fois par ses infidélités et d'aller vivre sa vie avec Cliff dont elle est peut-être enceinte. 

Déjà, découvrir l'incertitude génétique dans laquelle est né John Ross est un vrai plaisir et me fait parfois regarder ses galipettes avec Rebecca Barnes d'un oeil inquiet. Même si j'imagine bien qu'il y a eu un test de paternité de fait : je vois mal J.R. rester trente ans dans l'incertitude.

Mais surtout, c'est la tragédie de Sue Ellen qui m'a bouleversé dans cet épisode. J'avais déjà trouvé le travail sur l'élection de Cliff Barnes assez remarquable. On y découvrait comment Cliff à la base animé par de bonnes intentions, se retrouvait humilié sur la place publique pour avoir financé un avortement illégal ayant coûté la vie à sa petite amie. La douleur et la colère de Pamela, la femme de Bobby, pour avoir laissé aux Ewing l'opportunité de détruire son frère m'avaient profondément ému. Et convaincu que Jock était le personnage le plus haïssable de la série (contrairement à J.R. qui lui a la décence de ne pas être un sale hypocrite).

Dans le dernier épisode que j'ai vu, Jock intervient auprès de J.R. pour que sa femme revienne vivre à Southfork, où est sa place. Le rôle de la femme dans la société et dans le mariage est une des choses les plus fascinante qu'a à offrir la série de 1978. Il s'agit d'un véritable témoignage de société, d'une photographie de l'époque qui nous montre le monde tel qu'il était.
Les dialogues seraient aujourd'hui quasi improbable. Il faut voir J.R. traiter de traînée sa femme quand personne n'ose jamais lui faire remarquer que c'est lui la plus grosse traînée de la série. 

Pour en revenir à l'histoire de Sue Ellen, j'étais complètement retourné par l'injustice et la cruauté dont elle est victime. Voilà une femme humiliée, rabaissée plus bas que terre qui cherche à quitter la prison dorée dans laquelle elle se laisse peu à peu dépérir sous les verres d'alcool et les piques des autres. Elle est même surprise de trouver en Bobby un ami prêt à l'aider dans sa fuite. Sue Ellen est seule à Southfork. Elle n'a pas d'ami, pas d'affection, pas de douceur. Elle n'a que du confort. Confort qu'elle croit indispensable à son bien-être.
Jusqu'à ce que la coupe soit pleine.



Alors elle s'imagine vivre avec Cliff, avec cet homme bon et généreux prêt à lui offrir son coeur, cet homme blessé par son mari qui l'aime pour ce qu'elle est, qui veut prendre soin d'elle et fonder une famille avec elle. Cet homme pris au piège par la rivalité de sa famille avec les Ewing, qui s'est fait humilier par eux aux élections, qui rêve de se venger et, malgré tous ces bons principes, obtenir autant de pouvoir qu'eux. 
Le choix de Cliff est horrible. Il repousse Sue Ellen, la renvoie à Southfork dans le lit de J.R. Il choisit d'éviter le scandale d'épouser l'ex femme d'un Ewing pour mieux vendre son âme à des hommes de pouvoir qui lui obtiendront tout ce qu'il demande.
Ce choix que Cliff prend déterminera tout le reste de la série et les conséquences se ressentent encore dans les épisodes actuels. Si Cliff avait choisi de vivre avec Sue Ellen, s'il avait élevé John Ross comme son propre fils, tout aurait été différent.

Là où la série de 1978 fait très fort, c'est que l'amour entre Cliff et Sue Ellen ne fait pas du tout cheveu sur la soupe. Il est très bien amené et très bien géré. On le sent sincère et partagé et pourtant, on comprend bien qu'il est insuffisant pour sauver Sue Ellen de sa condition.
C'est la véritable force de cette intrigue. Si Sue Ellen n'avait eu qu'une simple liaison avec l'ennemi de J.R. dans le seul but de le faire enrager, l'histoire n'aurait eu aucune valeur. Mais voir cette femme se prendre une telle claque quand elle aspire à être simplement heureuse. Voir J.R. la menacer de la kidnapper et de la faire avorter si elle ne retourne pas à Southfork, à sa place de femme soumise et souriante, c'est sans doute l'un des moments les plus bouleversants de la série.

Je crois que je suis bien parti pour voir plusieurs saisons.