mercredi 1 décembre 2010

Smallville - 8.18 - Eternal


Quand j’aborde un épisode de hiatus écrit par Kelly et Brian, je suis dans un état assez particulier. J’attends beaucoup de l’épisode et ma pire crainte est que les deux showrunners à l’écriture cette semaine me déçoivent par un épisode moyen. Et évidemment, ce n’est pas le cas. Cet épisode est exceptionnel.

Une scène à couper ?

Aucune et je m’étais fait la même remarque pour le 8.06, l’autre épisode qu’ils ont signé cette année. Il n’y a pas une seule scène où l’on s’ennuie, pas une qui soit mal écrite. Pourtant, c’était facile de se planter. Prenons par exemple l’endroit où ils auraient pu se vautrer : les flash-back.

On commence l’épisode par un livre Veritas où Tess apprend le destin du Voyageur. La liaison avec l’intrigue expéditive de l’an dernier est parfaitement établie. On retourne ainsi aux origines de la série avec les premières minutes de pilote. On associe d’ailleurs quelques plans de la seconde pluie de météorites, mais qu’importe, l’impression que tout colle est très agréable.

Lorsque j’ai vu surgir de nulle part deux hommes en treillis noir, j’ai un peu haussé les sourcils. Pendant une seconde, j’avais oublié que Lionel était lui-même là pour trouver le Voyageur et qu’il était tout à fait cohérent que ses propres hommes patrouillent le secteur à la recherche de l’enfant. Sans même faire revenir John Glover pour une scène avec mini-davis, Kelly et Brian rendent le séjour de Davis au manoir fluide et intéressant. Le retour du gnome qui avait joué le petit Lex en saison 7 n’y était pas étranger non plus. Les flash-back avec Lex sont bourrés de référence à la série (Warrior Angel, la boîte de l’armure de Saint George) et ont l’intelligence de prouver que la nature de Davis était là dès le départ (le liquide visqueux, l’oiseau assassiné, la première apparition de Doomsday). Ce sont donc des flash back très riche où le gnome a, semble-t-il, fait un effort pour jouer Michael Rosenbaum enfant. Ses intonations ressemblaient très bien à celle de Lex.

Deux intrigues recoupées

Enfin, on voit les deux intrigues fil rouge de la saison se rassembler pour ne faire plus qu’une. Toute l’année, chaque épisode de la saison approfondissait soit le personnage de Tess et son lien avec Lex, soit celui de Davis et ses origines visqueuse (mis à par l’épisode de la semaine dernière, ce qui explique peut-être mon mépris pour celui-ci). Faisant suite aux indices laissés par Jimmy en fin de 8.16, Tess découvre toute la vérité à propos de Clark et de Davis.

J’aurais bien aimé la voir mettre les indices bout à bout, mais je pardonne entièrement cette ellipse en la mettant sur le compte du budget limité qui les prive parfois de scènes intéressantes. Quoiqu’il en soit, voir pour la première fois Tess jouer face à Davis avait quelque chose de vraiment. De plus, que ce soit elle qui veuille pousser Clark à devenir le sauveur de l’humanité est à la fois intelligent et inattendu.

Kelly et Brian ont eu l’intelligence de ne pas faire de la relation Clark/Tess un sosie de celle avec Lex. La jeune femme comprend l’importance de Clark pour le monde et tente de l’aider à devenir le héros qu’il est censé être, mais de manière bien trop dangereuse, ce qui correspond parfaitement à ce personnage qui, rappelons-le, tue les gens qu’elle ne calcule pas à coup de talons aiguilles.

Et comme si le développement du personnage et l’humour dont elle fait preuve quant aux corvées agricoles de Clark n’étaient déjà pas bien suffisantes, Kelly et Brian nous sortent un rebondissement que je n’avais pas du tout vu venir : le retour de ma copine, la Grosse Boule Noire. Le même truc ayant permis à Lex d’ôter à Clark ses pouvoirs. Ce coup de théâtre a eu plusieurs effets sur moi : d’abord j’aimerais bien savoir d’où elle la sort, sa boule, puisque la dernière fois, elle était au pôle nord avec la Forteresse Qui Tient Pas Debout ; ensuite, il faudrait aussi penser à dire clairement qui détenait le Cristal qui a permis de recréer cette même forteresse en début de saison ; et enfin, qu’est-ce qu’elle va encore faire comme connerie avec cette boule ?
Non parce que ce n’est peut-être pas le moment de retirer ses pouvoirs à Clark. D’autant plus que Tess se plaît à citer plusieurs fois la Bible et l’importance de Judas dans le destin du Christ. Mmh… Compteraient pas nous tuer Clark en fin de saison ces Kelly et Brian ?

Des personnages accouplés

La relation qui unit Davis et Chloé est sur le devant de la scène dans cet épisode. Contrairement au 8.16, je l’ai trouvée vraiment bien écrite et touchante. Au début de l’épisode, on est dans la légèreté et l’humour. On parodie presque les gros traits des épisodes précédents (le dernier plan sur Davis sous la pluie par exemple) avec un Davis en larmes à causes des oignons.

Puis très vite, on instaure une tension avec d’abord la coupure au doigt puis l’animosité entre Clark et Davis. Une animosité qui n’échappe pas à Chloé, comme ont l’intelligence de le souligner les meilleurs scénaristes. Avec d’autres, Chloé n’aurait rien remarqué ou aurait enchaîné sur autre chose. Kelly et Brian, comme ils l’ont fait en 8.06, donnent de véritables personnalités à leurs héros, et cela se ressent d’autant plus dans les scènes où Clark et Chloé s’expliquent. On est bien loin des deux abrutis qui s’échangeaient des paroles plates avant que Clark ne sautent vers le toit du Daily Planet la semaine dernière. Ils ont à cœur, une fois encore, de ne pas faire de Clark un être parfait : il juge de manière illégitime la relation qu’entretient Chloé avec Davis et continue encore et toujours à entretenir sa ferme. Clark est un mou bourré de préjugés et ils n’ont pas peur de le dire.

Comme ils n’ont pas peur d’écrire deux scènes qui, en d’autres mains, se seraient révélées calamiteuses. La première, c’est la mort de Davis qui repose essentiellement sur l’écriture et le jeu des acteurs. Mack et Witwer brillent dans cette scène et c’est d’autant plus louable pour ce dernier quand il est couvert d’une peinture verte ridicule qui en aurait fait sourire plus d’un. Mais le sacrifice de Davis et le fait que ce soit Chloé qui le mette à mort sont bouleversant. Peu avant, Davis avait mis carte sur table et avait cessé de tourner autour du pot : oui il est amoureux de Chloé. Et la jeune femme, bien qu’elle ne prononce jamais ces mots, l’aime également. C’est pourquoi, leur dernier regard alors que Davis agonise sous un flot de kryptonnite m’a paru si bouleversant.

En plus de cela, ce sacrifice terrible pour Chloé est dans la continuité de la fin du 8.07, où elle assassinait et kryptomonstre pour protéger Clark. Elle est prête à tout pour son ami. Même à tuer l’homme qu’elle aimait. Même à se sacrifier elle-même.

On en arrive à la conclusion terriblement sombre mais efficace de cet épisode. Au lieu de le tuer, les météorites ont rendu Davis absolument immortel. Seulement, comme le montrait le 8.16, ses sentiments pour Chloé repoussent la bête qui sommeille en lui. Sa dernière chance est de rester auprès d’elle.
Dans le dernière séquence, alors que la musique et les chœurs s’en donnent à cœur joie (et ils ont raison), Chloé remonte les escaliers. J’étais en plein hésitation. Je ne savais pas si Chloé allait abandonner Davis ou bien resté auprès de lui. Il aurait été facile de conclure par une Chloé faisant machine arrière et acceptant d’aider Davis. Ce qu’elle fait est bien plus dérangeant. Elle remonte jusqu’à la porte et s’enferme avec Davis. Les sous-entendus de cette porte verrouillée sont énormes.

Comme me le faisait remarquer Blackie, cela faisait penser à de la prostitution. Chloé ferme la porte pour que personne ne remarque ce qu’elle s’apprête à faire avec Davis. Elle accepte de vendre son corps, non pas pour Davis, mais pour le monde et surtout Clark. On revient au sacrifice dont elle est capable pour son ami, à ce qu’elle est prête à faire pour lui. C’est la première saison où l’on mesure vraiment à quel point Chloé est dévouée à Clark. En verrouillant cette porte, on a l’impression qu’elle scelle sont destin. Un destin que personne ne semble connaître dans le futur.

Avec le renouvellement de la série pour une saison 9, je ne devrais pas me faire trop de soucis pour Chloé. J’ai du mal à imaginer la série sans elle. Mais Kelly et Brian sont tellement couillus que je les crois capable de tuer Chloé en fin de saison. En attendant, ils m’ont offert un épisode énorme où les intrigues de chacun font un gigantesque bond en avant, tout en se payant le luxe d’une écriture fine aux dialogues ciselés.

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